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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 21:37

Vaulx-en-Cernay

© Laure-Emmanuelle Muller


Le hasard d'une question m'a fait relire aujourd'hui un ancien article de ce blog  "J'ai promené mon crabe dans le désert du Wadi Rum" écrit en février 2011, cela faisait alors 2,5 ans que la diagnostic brutal d'un cancer m'avait été annoncé, avec comme lot de consolation la délicate remarque d'un généraliste qui avait cru bon de me préciser - "honnêteté oblige..."- que ce cancer était "très violent et que tout pouvait aller très vite !" ...

Quel était ce "tout" qui pouvait aller très vite...? probablement une métaphore fine et diplomate pour désigner un lot surprise contenant un concentré rapide "maladie & traitement & décès"...mais ce Tout-là ne me tentait en rien ! et comme ce médecin, aussi diplômé qu'il ai pu être, n'était ni devin ni infaillible, je décidais - par pur esprit de contradiction je vous l'accorde... par enfantillage donc en quelque sorte- que ce médecin aurait tord !

 

Cela fait 5 ans, ma vie aujourd'hui est pleine et ronde ! ce médecin-devin avait donc bien tord ! et toc !

La photographie et l'écriture sont aujourd'hui des passions que je nourris dès que j'en ai le loisir...loisir que je ne m'autorisais guère il y a 5 ans, prise que j'étais dans la spirale de la "vie" sans avoir conscience de sa valeur instant après instant !

Je vais bientôt quitter ce blog lié au cancer et laisser la place à une vie totale qui oubliera le parasite de la maladie,

C'est pourquoi un site internet dédié exclusivement à la photographie est en cours de préparation, j'en communiquerai le lien dans les jours à venir.

Par ailleurs, un roman est en cours d'écriture mais ne verra le jour que dans un an probablement: douze chapitres attendent aujourd'hui sur mon bureau l'écriture des quatorze chapitres suivants avant de mettre le point final à ce livre dans lequel je déverse tout mon bonheur de vivre, ce, indirectement, puisque ce n'est pas du tout une biographie, mais une totale fiction avec des personnages imaginés.

 

D'ici là, j'ai choisi de partager aujourd'hui juste une courte nouvelle, sorte d'allégorie que je n'aurais certainement pas écrite il y a cinq ans sans avoir vécu cette rude maladie et ces très longs traitements...je l'ai écrit sans avoir réellement conscience que ces lignes témoignaient de ma conviction profonde: où que l'on tombe, quoique l'on perde, on peut toujours se relever et transformer ce qui est perdu!

Un récent week-end en Bourgogne, près de la basilique de Vézelay et de la chappele La Cordelle, week-end gris de pluie, m'a inspiré l'écriture de cette nouvelle.

Bonne lecture

 

La vie, chemin d'ombre et de lumièretexte déposé © L E Muller

Au pied des remparts de Vézelay, le jeune garçon attache un moment son regard à la lisière de la forêt, puis embrasse tout le paysage offert à ses yeux, le spectacle le ravit ! La colline est bleue, la forêt déjà habillée de pourpre, la terre rouge. Une luminosité où tout se dévoile, du plus petit au plus vaste. Les taches citrouille des limaces luisantes, le vert bouteille des ronciers ployant sous les mûres, la voûte gris bleuté du ciel. Le garçon joue à plisser les yeux jusqu'à ce qu'ils ne laissent plus filtrer que des touches de couleurs déformées et recomposées en un kaléidoscope magique et captivant. En ce jour d'Octobre, une brume évanescente s'évapore au travers d'un fin rideau de pluie, les sillons d'une terre fraîchement labourée serpentent en mille ruisseaux. Le flot ondoyant de la verdure trempée et le scintillement des perles d'eau suspendues aux feuilles attirent le regard émerveillé du jeune garçon. La vision lumineuse de l'eau qui ruisselle sur cette palette de couleurs élargit ses pupilles éblouies, il boit du regard tout ce qui l'entoure. Ses yeux pétillent de gaieté.

 

Un arbre dans la courbe d'une route. Des freins qui lâchent. Crissement aigu sur l'asphalte, bruit sourd du choc, tôle qui se déchire et s'écrase, silence de plomb. Un père, une mère, une sœur. A vingt kilomètres de là, le garçon attend le retour de sa famille, sans savoir qu'il est orphelin.

 

L'enfance est terminée, l'émerveillement évanoui. Les larmes sur le visage de l'adolescent, une ondée amère et douloureuse. Trop douloureuse. Quelques années passent, il refuse désormais la tristesse et les pleurs, il ne veut plus voir que le soleil et oublier. Jeune homme irrésistiblement attiré par tout ce qui brille, il se brûle les ailes, il file vite, droit devant lui, sans savoir où il va. Aveugle au monde, indifférent autant à ses drames qu'à ses splendeurs, il vit la nuit, ne s'intéresse qu'aux filles et à l'argent, à tout ce qui en impose et vous pose, il aime se faire voir et être vu, il dévore la vie sans la goûter et se noie dans les plaisirs futiles jusqu'à l'écoeurement, sans but et sans joie.

 

Jusqu'au jour où une grosse pluie l'oblige à se réfugier en maugréant dans la première boutique venue. C'est une galerie de photographies. Il jette un œil rapide aux images mais son regard est plus attiré par l'impressionnant matériel photo posé sur une table au fond. Il s'approche. Le photographe, tout en répondant à ses questions techniques sur l'appareil, l'amène insensiblement vers les clichés. Soudain, une vue de la basilique de Vézelay émergeant d'une mer de brume laisse le jeune homme muet. Tout lui revient, la Bourgogne, sa Bourgogne natale, les petits matins enivrants dans la bruine, les feuillages s'ébrouant en mille éclats verts, la paix de ces marches matinales à l'heure où il avait pour seule compagnie quelque renard, la truffe humide suivant une piste odorante et mystérieuse. L'eau roulant dans les chemins creux en un tintement cristallin, le doux chuintement des touffes d'herbes sous ses pas, les couleurs sonnant clair sous l'averse crépitante comme un feu, les milles bruits des fines gouttelettes, tambourin léger ou harpe d'eau. Une symphonie aquatique et verte, à l'ombre de la basilique de Vézelay. Il se souvient de ces jours d'automne humides et lumineux, de cet abandon de la nature succédant au grand théâtre estival. La représentation terminée, la nature se pose, la terre nue respire et l'âme des hommes se lave dans la pluie salvatrice.

 

Alors il repart en Bourgogne se plonger dans cette nature dont il avait oublié le pouvoir réparateur. Fasciné comme lorsqu'il était enfant, il ressent l'envie profonde de capter et partager toute cette beauté consolatrice. Le jeune homme a retrouvé le fil de la merveille. Reconnecté au fil de sa vie, en quelques années de formation et de pratique intense, il devient photographe confirmé. Il est heureux et parcourt le monde les yeux grand ouverts, objectif au poing. Son sujet de prédilection, la nature dans tous ses états. Et lorsqu'il revient en Bourgogne, il retrouve les tours de la basilique de Vézelay ennuagées d'écharpes de brume tourbillonnantes dans le vent. Les années passent, il acquiert une certaine célébrité. L'homme qu'il est devenu est désormais le spécialiste des images révélées à travers des gouttes d'eau. Effet de loupe sur un bourgeon en train d'éclore, reflet miniaturisé d'une cathédrale, kaléidoscope de couleurs éclatantes, chacune de ces gouttes d'eau est source d'enchantement. Les demandes d'exposition affluent, la publications de livres, le succès. Il a sa propre galerie, un grand appartement à Paris, la maison de ses rêves près de Vézelay. Mais le tourbillon de la promotion et des ventes grignotent peu à peu la joie simple de sa quête d'images au gré de ses balades devenues des expéditions. Il expose, il édite, il voyage. Installé dans sa notoriété, pour rester en vogue et payer le personnel de la galerie et ses charges, il décline frénétiquement tous les thèmes possibles de ses gouttes d'eau, multipliant les prouesses techniques de prise de vue. Aveuglé par le succès, il a, une fois encore, perdu le fil de la merveille.

 

Un jour de printemps, de passage dans sa Bourgogne, il est subjugué par un spectacle multicolore : le ciel s'irradie d'un bleu électrique qui agrandit l'espace, les nuages s'amoncellent en une masse violette, menaçante, des rafales couchent la cime des arbres d'un vert fluorescent. Bleu, violet, vert s'amalgament. La clameur montante de la pluie annonce l'orage, un grondement au loin, et immédiatement, la pluie devenue torrentielle déchiquète la terre. L'homme a rangé son appareil photo et s'est réfugié dans un abri forestier. L'orage passé, peu à peu le déluge s'épuise. S'avançant sur le pas de la porte ouverte, l'homme perçoit les parfums exacerbés par la pluie et regarde lentement le panorama offert à ses yeux. Un paysage de velours adouci par la vapeur moite de la terre qui, après avoir bu goulûment, se laisse sécher aux premiers rayons du soleil. L'homme déguste ce bain de vapeur, fait un pas dehors, touche de la main les grumes visqueuses de sève mouillée, et frissonne de plaisir dans la chaleur d'étuve. Beauté, silence en lui. Il prend soudain conscience qu'à force de scruter les gouttes d'eau à la recherche de sa prochaine image à publier, il ne voit plus le monde. Il perd sa vie à la gagner au-delà de l'essentiel. Sous le charme de ce moment de paix retrouvée, il ferme les yeux. Il ne voit pas la pierre luisante et glissante à ses pieds, d'un coup il dérape, bascule et tombe. Le crâne sonne, tout s'éteint. A son réveil, quelques jours plus tard à l'hôpital d'Auxerre, il ouvre les yeux, c'est le noir. Le verdict tombe, cécité.

 

Mois d'errance immobile enfermé chez lui, d'abandon de lui-même, de refus, de désespoir, de rage. Son envie de vivre se réduit peu à peu comme peau de chagrin. Le photographe privé de ses yeux a tué l'homme en lui. Plus d'un an s'écoule. Cependant, un jour d'automne ensoleillé, toujours reclus, désoeuvré, assis près de la fenêtre ouverte, il sent venant du jardin une profonde odeur de coing. Un sourire glisse enfin sur ses lèvres. Il se souvient que, petit garçon, il fermait les yeux pour mieux goûter cette senteur, et qu'une joie sans mélange montait alors en lui. Troublé, il tend son visage plus près de la fenêtre et hume l'air. Une brise légère vole, elle a ramassé tous les parfums du jardin. Il respire doucement à petites goulées incrédules et tremblantes. Il s'imbibe de tout ce qui lui vient au nez. Humus, feuilles mouillées, sève de figuier, champignons, fumée d'un feu d'herbes. Puis, c'est l'extraordinaire polyphonie du jardin qui monte à ses oreilles : bruit clair du cours d'eau au fond du terrain, petits airs modulés, gazouillis, roucoulements, caquets et criailleries d'une nuée d'oiseaux. Les sons déclenchent dans sa tête comme une accélération stroboscopique d'images clignotantes et colorées, plaisir particulièrement vif comme il n'en avait plus ressenti depuis longtemps. Et d'un coup, le silence subit des oiseaux lui révèle qu'un nuage passe au-dessus des arbres où ils sont perchés. Lorsque le chant des oiseaux reprend, il sait que le nuage s'est éloigné.

Toute cette symphonie de parfums et de sons entremêlés lui donnent soif, soif de vie. Dans son obscure infortune, il entrevoit une lueur d'espoir.

Une heure plus tard, il se laisse persuader par un ami de marcher jusqu'à la chapelle La Cordelle. Son chemin est jalonné d'odeurs et de bruits à déchiffrer. Le sentier tortille entre les effluves de sureaux et de pommes. Avant même d'atteindre la chapelle, il sait qu'ils sont arrivés, le parfum des pierres séculaires l'a saisi. Quelques mètres encore, le bruit des graviers sous leurs pieds : la porte est juste devant eux. A l'intérieur, le silence profond et tranquille l'enveloppe, il frémit au son grave de ses pas, à leur écho sur la voûte. La senteur subtile de bois, les effluves d'encens et de cire l'aident à s'orienter entre les bancs vers l'autel où brûlent quelques cierges. Il lève la tête pour saisir l'espace au dessus de lui, il laisse courir ses mains sur la pierre, rencontre des feuilles d'acanthes à portée de doigts, puis plus loin, une texture plus douce, du bois. Des replis, un drapé plissé, une courbe, celle d'un genoux – ses mains glissent et tatonnent- plus haut un visage, le grain de la peau, le satin d'une chevelure, une couronne, des yeux en amande, le velouté des pommettes, la douceur d'un sourire, et blotti au creux des bras de la femme, il identifie une petite silhouette... une vierge à l'enfant, gracieuse et émouvante. Soudain, la voix d'un violon s'élève lentement dans la chapelle. Le souffle suspendu, il écoute, ébloui par la sonorité lumineuse de l'instrument. Peu à peu, une vibration creuse son estomac, un frémissement envahit sa poitrine, une lueur monte en lui, puis une lumière explose dans sa tête, un espoir fou s'insinue dans ses veines. Il sent son âme en deuil refleurir. La source de vie n'est pas tarie. La nuit des yeux ne signifie pas la nuit de l'âme...

 

En sortant de la chapelle, un parfum de terre retournée l'accueille. L'atmosphère est empreinte de l'odeur à la fois suave et acidulée de l'automne, fleurs fânées et feuilles en décomposition. Chacun de ses pas est accompagné d'un bruit de papier de soie que l'on froisse. L'accord de l'odeur et du bruit imposent à l'homme l'image d'un chemin jonché de feuilles, il imagine les taches jaunes et ocres à ses pieds et à l'intensité du bruit, il sait que le vent d'automne a déjà dénudé de nombreux arbres. Un pas plus loin, c'est l'envolée verte de la menthe sauvage, fugace mais rayonnante, puis le sillage du bois et de la mousse de chêne, le crissement d'une scie et le ronronnement d'un tracteur. La vapeur fruitée des moûts de raisin lui révèle une vendange en cours en contre-bas, et il devine aussi le bleu de la fumée qui monte depuis les jardins d'Asquins.

Soudain, il lui semble que le sol vibre et tremble. Est-ce la trace résonnante du tumulte des deux cent mille hommes de guerre qui, à cet endroit même, en 1146, piétinaient en écoutant Bernard de Clairvaux clamer son « Dieu le veut ! » pour lancer la deuxième croisade ? Il connaît bien ce lieu, un talus d'herbe et la grande croix érigée sous les remparts en mémoire de cette folie meurtrière. Il est passé là des centaines de fois, indifférent. Comment, en ce jour, la vibration de cette foule du passé pourrait-elle lui être perceptible ? Tout un monde invisible s'ouvre à lui aujourd'hui, ces vibrations d'énergie, ces sensations dans la chapelle puis dehors, les odeurs, les sons, les images révélées sous ses doigts, il se sent submergé, bouleversé, renversé. Lui revient en mémoire cette petite phrase de St-Exupéry « On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux ». Il tremble soudain, car ce sentiment qui monte en lui, il le reconnaît, c'est de la joie, une joie pure et ronde, sa joue mouillée d'un coup, les larmes coulent, larmes d'un bonheur retrouvé.

 

Lors de sa descente de la chapelle vers sa maison, il est tout ouïe. Il écoute bavarder son ami et perçoit le son du sourire éclairant son visage. La nature lui parle sur tous les tons, l'espace autour de lui, peuplé de sons bigarrés, n'a plus rien de ténébreux. Il redécouvre une multitude de petits bruits qui vont désormais éclairer sa nuit. Chaque oiseau a son ramage, chaque arbre le chant de son feuillage. Il y a aussi la petite musique des parfums. Une mosaïque irisée de senteurs se déploie autour de lui, l'enveloppe, le guide, ramenant à la surface de sa conscience des souvenirs et des repères. Tant de clarté désormais, tant de facettes d'un univers foisonnant à explorer, source inépuisable de sensations et de découvertes, à portée de main, à portée d'oreille, à portée de nez. L'ombre lui ouvre les portes d'un nouveau monde. Amputé de ses yeux, il peut cependant entendre, sentir, toucher, goûter et les envies montent en lui. Dès cet instant, c'est une révélation éblouissante, la promesse d'une vie pleine de sens émerge des ténèbres, car désormais il sait qu'il peut voir le monde à travers le prisme coloré des sons, des odeurs et des sensations tactiles.

 

Une palette de sons, une gamme d'odeurs, largement de quoi l'inspirer pour continuer à capter et à partager la beauté du monde, tout comme il l'a fait par le passé par le biais de la photographie. Autrefois, il a écrit avec la lumière, désormais, l'ombre de ses yeux devient l'encre pour écrire et raconter le monde. Autrefois, ses mains enfermaient la lumière dans la boite noire de son appareil photo, aujourd'hui, par ses mains clairvoyantes, il fera émerger de l'ombre du bois ou de la terre des sculptures lumineuses. Ecrire, raconter des histoires, et sculpter, voilà quelle sera sa nouvelle vie.

Le désir irrésistible de laisser monter en lui tous ces parfums, tous ces sons, de s'en emplir puis de les distiller en des contes odorants, piquants, captivants et aussi enivrants que la plus fine des liqueurs. L'envie irrépressible de donner vie à des pièces de bois ou des mottes d'argile, d'en extraire leur essence invisible.

Pour saisir et partager la beauté du monde, il a perdu la luminosité et la transparence, mais il lui reste le verbe et la forme. Des histoires à raconter à voix haute et à écouter les yeux fermés. Des sculptures surgies de la matière brute, à contempler les yeux grand ouverts ou à caresser les yeux fermés.

Le photographe est mort, mais le conteur et le sculpteur sont nés. La vie, succession de métamorphoses.

 

 

Vous qui écoutez cette histoire aujourd'hui, si vous allez à Vézelay, entre la basilique et la chapelle La Cordelle, vous verrez, cachée dans les herbes, une dalle de pierre sur laquelle vous pourrez lire : Ci-git l'aveugle de Vézelay, passeur de lumière.

 

 

 

Cette histoire est dédiée à l'enfant curieux qui, au cours de ses promenades au- delà des remparts de Vézelay, s'arrête souvent devant cette tombe isolée. Attiré d'abord par le parfum des menthes sauvages qui l'entourent, il a découvert là un lieu magique. Il revient souvent les jours de pluie admirer le spectacle fascinant et mystérieux de ces milliers de perles d'eau qui courent sur la pierre, se bousculent et roulent, captent le moindre éclat de lumière, gouttes d'arc en ciel, vibrantes et brillantes, dansantes au son léger du pizzicato d'un violon invisible. L'enfant accroupi devant la tombe, indifférent à la pluie qui ruisselle sur son visage, écoute, ébloui, la mélodie, et la main posée sur la pierre soyeuse, le cœur battant, il sent une joie sans mélange monter en lui.


******************


Cette histoire est bien sûr une pure fiction, il n'y a aucune tombe comme celle-ci au pied des remparts de Vezelay, la dédicace est également fictive. Ne voyez pas dans la fin de cette histoire quoi que ce soit de pessimiste, la vie se termine toujours par la mort, et si ce texte n'est pas explicite à ce sujet, sachez que dans mon esprit, cet homme est décédé à 94 ans après une vie pleine et riche, après avoir parcouru son chemin d'ombre et de lumière...

 

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commentaires

S
Chère Laure-Emmanuelle, comme c'est beau et émouvant ! et quel talent ! : j'ai senti cette nature comme si j'y était...un beau message d'espoir !
Répondre
L
<br /> <br /> Merci Sandrine, Amitiés!<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Lorema-autreregard-surlecancer-over-blog.com
  • : de l'énergie positive: un regard autre sur cette maladie effrayante, le cancer, qui pourtant peut se vivre avec espoir, pouvant ouvrir le regard, au delà de la flétrissure et de la souffrance, sur la merveille d'être simplement en vie à l'instant présent. Depuis 5 ans, je témoigne de ce que le cancer peut introduire dans le quotidien: une autre conscience, une autre manière d'être, une célébration de la vie. Parvenir à se libérer de la peur pour réaliser cette formidable capacité à vivre.
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Pourquoi ce blog ?

  Souvenir d'enfance Copyright L E Muller

Dans l'espoir qu'il puisse éparpiller des gouttelettes d'énergie positive, qu'il puisse semer des graines d'espoir:  ce blog a pour objectif le partage d'une expérience de vie heureuse en dépit d'un compagnon non invité, le cancer.

Le témoignage d'un vécu individuel, un témoignage positif d'une façon de continuer à vivre bien, parfois même à vivre mieux malgré la maladie.

Ce témoignage avait initialement pris la forme d'un livre "Cancer n'est pas fatalité" (cf rubrique Publications ci-contre), pages qui se déroulent comme les pas qui avancent sur un chemin de guérison et de renaissance, alternance de textes et de photographies.

 

Accepter le cancer a été pour moi une étape décisive, passer de la révolte paniquée à l'acceptation plus tranquille, mais pas à la résignation, certainement pas ! : cela m'a permis ensuite de continuer ma vie, non pas à travers le filtre du cancer, mais simplement avec lui, puisque le choix ne m'était pas donné de le congédier.

Ne pas devenir sa maladie, ne pas s'y laisser engloutir, mais rester soi, et savoir trouver la part de bon chaque jour, être capable de vivre pleinement les moments d'apaisement, sans les polluer par la crainte de ce qui potentiellement peut suivre.

  " Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui, je sortirai vivante du plus sombre des labyrinthes." disait Christiane Singer, elle-aussi atteinte d'un cancer.

 

Photographe amateur depuis longtemps sans pour autant m'autoriser jusque là à vivre pleinement cette passion, trop prise par le travail, par les diverses "obligations", le cancer m'a ouvert une brèche dans ce mur des "obligations": j'ai élagué et trouvé le temps et l'énergie d'aller jusqu'au bout de cette passion. 

Ayant en parallèle re-découvert les vertus apaisantes de la poèsie, cette forme d'expression souvent mise au rebut actuellement, j'ai décidé de réaliser une sorte d'anthlologie de poésie illustrée par mes photographies, et d'en tenter une publication, démarche que je n'aurais jamais faite avant la maladie !

Un médecin disait à Christiane Singer "Au coeur d'une maladie mortelle on peut tout entreprendre avec le temps imparti. Le temps y trouve une autre nature, une autre extension, une autre dilatation. On y gagne l'inespéré."

Ainsi j'ai nommé ce livre "Voir le fil du temps" (cf rubrique Publications ci-contre) et je l'ai dédié à mes enfants: ralentir le rythme trépidant de la vie dans ce monde hyperactif et voir autrement, ces deux idées ont constitué mon fil conducteur. Par la lecture de poésies, par ces fenêtres ouvertes sur la nature, je voulais donner la possibilité au lecteur de reprendre son souffle, de laisser la vie se mouvoir lentement, respirer pleinement l'instant présent ! Un florilège de photographies et de poésies pour une flânerie au fil des mois, faisant tourner doucement la roue des saisons.

 

Chacun vit probablement son cancer de manière différente, individuelle, - notez bien que je dis "vivre"- mais lorsqu'il nous amène au creux de la vague, pouvoir découvrir que l'on peut s'en sortir, surmonter, voir même finalement que l'on peut ré-apprendre à vivre, à savourer, à goûter la vie plus fort, cela ne peut être qu'une corde d'espoir à laquelle s'accrocher pour sortir du fond de la vague.

 

J'ai vécu des périodes douloureuses, mais aussi des rencontres avec des patients plein d'énergie qui m'ont alors redonnée force et espoir.

C'est à mon tour aujourd'hui de faire de même, partager comment je m'en suis sortie, et comment je vis depuis.

Merci à toux ceux qui m'ont soutenue ces dernières années, et à ceux qui m'ont ouvert les yeux.

Laure-Emmanuelle Muller    

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